Il était de notre famille, l'homme
qu'on appelait //Kunn.
C'était un homme de pluie ; il
fabriquait la pluie.
Il créait les cheveux de la pluie,
ceux qui tombent doucement.
Il créait les jambes de la pluie,
quand elle tombe en colonnes.
Il invoquait la nuée, ce sorcier de la
pluie.
//Kunn appelait la pluie, elle arrivait
de l'ouest.
Quand il vivait au nord, Bochiman des
montagnes,
la pluie venait de l'ouest et tournait
vers le nord.
//Kunn savait faire la pluie, il savait
l'orienter
vers le pays qu'il habitait, dans les
montagnes.
Il était l’un des nôtres, ce
sorcier de la pluie.
Mais il vivait au nord, et nous vivions
à l'est.
Ni son père ni sa mère ne m'étaient
connus.
//Kunn était déjà vieux quand
j'étais enfant.
Il était très vieux alors. Il est
mort depuis longtemps.
Il ne danse plus à la poursuite de la
bête de la pluie.
Son cœur ne plonge plus dans les trous
d'eau profonde,
pour chercher le taureau de pluie qui
tient la pluie dans son sillage.
Il ne le conduit plus dans les plaines
brûlées,
éparpillant sa chair son sang son
lait, pour qu'ils deviennent pluie.
C'est le dernier que j'aie connu, ce
sorcier de la pluie.
C’est le tout dernier, l'homme qu'on
appelait //Kunn,
lui qui créait la pluie, et l'odeur de
la pluie,
ce magicien de l'eau et du parfum de
l'herbe,
magicien des cheveux de la pluie,
maître de la nuée.
Le chant des Bushmen/Xan,
Karthala
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